Dans ce moment historique et très difficile que nous sommes en train de vivre, marqué par la pandémie, mener des entretiens en personne s’est avéré impossible. Comme toutes les interactions sociales impliquant de la proximité entre les individus, cette partie fondamentale du projet WE-Hope a dû passer du physique au virtuel.
Les défis méthodologiques et techniques posés par ce passage en ligne ont été et restent nombreux et variés.
D’abord, il y a les difficultés techniques: la nécessité d'avoir les outils adéquats et des connexions internet qui supportent le chargement/le téléchargement de beaucoup de données peut être un problème important pour ceux avec qui nous menons des entretiens.
Dans le contexte italien, la fracture numérique et technologique existante entre les citoyens est apparue de manière évidente dans le contexte de la pandémie et du passage en ligne des activités culturelles, sociales, professionnelles et éducatives. En tant que chercheurs, nous voulons éviter de reproduire, dans ce projet, les mêmes modèles d’exclusion liés à la fracture numérique.
De plus, des problèmes de connexion ou des limitations techniques de certaines plateformes peuvent – et cela nous est arrivé – nous forcer à interrompre des entretiens au milieu de l’histoire, bloquant le flux de souvenirs et le partage de moments riches d’émotions et de souffrance.
En outre, la transition vers le travail en ligne pose des difficultés et des défis au niveau ‘humain’. Nous avons réalisé que bien que nous nous soyons habitués à passer une partie de notre temps en ligne et devant un écran, se rencontrer et créer des liens n’est pas facile. Le manque de vrai contact établi avec les personnes que nous interrogeons risque de rendre plus difficile l’empathie entre la personne interrogée et celle menant l’entretien qui est nécessaire pour un dialogue fructueux.
Ces premiers entretiens que nous avons menés nous ont fait réaliser qu’il est essentiel de passer plus de temps avant le début de l’entretien à apprendre à se connaître, expliquer le projet et en partager les buts. Le travail sur l’histoire orale ne concerne pas seulement le moment précis et restreint de l’entretien, il investit la relation humaine indispensable qui se crée entre la personne qui fait passer l’entretien et le témoin.
Nous continuerons à travailler dur pour relever les défis qui se présentent à nous en ce moment, conscients que ce qui semblent être des difficultés actuellement, une fois résolues, peuvent devenir de nouvelles méthodologies à appliquer consciemment au projet.
Cet article a été écrit par l'association Lapsus.
Photo par J. Kelly Brito via Unsplash.
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